Refonder nos équilibres démocratiques
La liberté, cette faculté merveilleuse de l’être humain à agir en utilisant notamment ses capacités intellectuelles, est un outil surpuissant.
Elle est à l’origine de formidables réalisations tout en montrant ses dangers, souvent liés à l’absence de limites.
Aujourd’hui, la principale dérive sociétale provient de la trop grande liberté économique, celle que permet le capitalisme avec très peu de contraintes.
Attention, le capitalisme n’est pas responsable des agissements exagérés des hommes, mais il laisse s’exprimer sans retenue les penchants naturels de la volonté de domination d’un individu sur un nombre incalculable d’autres.
L’argent, dont la volatilité est désormais instantanée partout dans le monde grâce à l’informatique, est devenu la source absolue du pouvoir humain. Cela pose un grave problème de civilisation, que j’ai développé dans le premier article de cette même rubrique.
Le raisonalisme économique, théorisé dans mon dernier essai ‘Homicide marchand’, se propose de résoudre les travers du capitalisme, en conservant le mécanisme moteur de la motivation sociale qu’est la différenciation entre les individus. Cette différenciation, qui se fait essentiellement aujourd’hui par l’argent, peut et doit prendre une nouvelle orientation, les êtres humains ayant des capacités très diverses.
Le principe du raisonalisme est ainsi de créer des limites progressives à l’enrichissement pour laisser émerger les multiples matières humaines d’expression qui ont été nivelées par le capitalisme.
Pour rendre à l’économie sociale son équilibre, le raisonalisme propose un enrichissement personnel limité et progressif. Le revenu d’un citoyen serait plafonné chaque année à la valeur d’une maison moyenne dans le pays concerné. Le patrimoine serait quant à lui progressif, plafonné à cette même valeur multipliée par l’âge du citoyen, entre sa majorité et sa retraite.
Des processus de lissage ou de report permettraient des aménagements pour les situations brutales d’enrichissement telles que l’héritage. De même, l’instauration du raisonalisme dans un pays devrait être étalée sur quelques années, pour laisser aux citoyens dépassant les plafonds le temps de s’organiser.
Les sociétés et entreprises de toute nature seraient simplement soumises au fait que chacun de leurs actionnaires doive respecter les plafonds individuels. Ceci entraînerait une redistribution de l’actionnariat, l’État entrant momentanément au capital de ces entreprises le temps qu’elles s’enrichissent de nombreux petits actionnaires pour remplacer les riches investisseurs particuliers dépassant les plafonds.
À part cela, tout le fonctionnement administratif actuel serait préservé, et les entreprises pourraient continuer de se développer comme aujourd’hui, en fonctionnant davantage sur le modèle des mutuelles où aucun adhérent n’a de prépondérance sur l’ensemble des autres.
En terre raisonaliste, un citoyen pourra donc posséder l’équivalent de 18 maisons à 18 ans, et 60 maisons à 60 ans. Il pourra s’enrichir de l’équivalent d’une maison chaque année, ce qui représente une liberté économique raisonnable.
Un équilibre entre les pays sera de fait établi par la différence de valeur moyenne d’une habitation sur leurs territoires respectifs, empêchant le colonialisme économique qui déstabilise les pays les moins développés.
Tous les autres principes du capitalisme seront conservés, mais une société juste et équilibrée pourra désormais se mettre en place.
Le raisonalisme économique est le pilier central de la redéfinition sociale moderne, à compléter par de grandes réformes sur des sujets que je développerai dans mes prochains articles : l’éducation, les médias, l’activité humaine et l’environnement dans lequel tout cela s’exerce, sur une planète à préserver.
Gustave TATOUCHE
Auteur-essayiste
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