Agriculture:lettre ouverte aux consommateurs réunionnais.

Agriculture:lettre ouverte aux consommateurs réunionnais.

Les Jeunes Agriculteurs Réunion viennent de publier une lettre ouverte adressée à l’ensemble des consommateurs réunionnais.
Cette lettre est accessible en intégralité sur notre page Facebook au format vidéo, via ce lien :
👉 https://fb.watch/y_99wRAPQc/
ou en pièce jointe de ce mail au format PDF. 

À travers ce message, nous souhaitons rappeler que nous ne pouvons supporter que le monde agricole soit systématiquement pointé du doigt et considéré comme un secteur qui “profite” de la population pour s’enrichir.

Nous réaffirmons nos engagements à nourrir la Réunion avec fierté, dans des conditions de plus en plus complexes, et appelons à plus de solidarité dans un contexte de tension et d’incompréhension croissante entre producteurs et consommateurs.

“Ce que j’ai à vous dire sur notre
agriculture péi.

Lettre ouverte aux consommateurs réunionnais
Oui, le prix des fruits et légumes péi est plus élevé aujourd’hui qu’hier.
Oui, nos produits sont parfois plus chers que ceux venus d’ailleurs.
Oui, certains agriculteurs seront indemnisés pour leurs pertes après le cyclone Garance.
Oui, des assurances existent, et ceux qui ont eu les moyens de s’en offrir verront une partie de leurs
réparations prises en charge.
Oui, vous voyez des pick-up sur nos routes.
Oui, des tracteurs roulent sur la 4 voies pendant la campagne canne.
Mais…
Mais l’agriculture péi, ce n’est pas un caprice ni un passe-temps. C’est un métier. C’est une vie. C’est le
quotidien de femmes et d’hommes qui se lèvent chaque matin pour nourrir cette île.
C’est une agriculture qui tente de payer ses salariés, ses charges, ses factures au prix de la vie à la
Réunion.
C’est une agriculture qui refuse de produire des légumes calibrés mais sans goût, des fruits brillants mais
vides de sens.
C’est une agriculture de petites exploitations, sur des terrains escarpés, difficilement mécanisables, où
chaque kilo produit est un combat.
C’est une agriculture qui ne se fait pas avec de la main-d’œuvre sous-payée à l’autre bout du monde.
C’est une agriculture qui subit, année après année, des sécheresses, des cyclones, des pertes, des retards
d’indemnisation, des découragements. Et malgré tout ça, elle continue.
Quand un cyclone passe, certains perdent leur maison. Nous, lorsque ça arrive, on perd notre maison ET
notre emploi. Et contrairement à d’autres, nous n’avons ni salaire garanti, ni aide immédiate pour
relancer notre activité. Les indemnisations ? Parfois un an d’attente pour quelques centaines d’euros.
Certains sont propriétaires, d’autres locataires, les charges s’accumulent et doivent être payées, les délais
ne sont pas extensibles indéfiniment.
Essayez de faire vivre une famille avec ça.
Vous voyez un pick-up ? Nous voyons un outil de travail. Le seul capable d’atteindre certains champs.
Vous trouvez nos produits chers ? Nous voyons des personnes pleurer pour une salade à 2€ puis acheter
des produits transformés, sucrés, importés, sans cligner des yeux avant de repartir du supermarché en
voiture tunée.
Vous critiquez les remorques sur la 4 voies ? Nous y voyons une filière canne qui fait vivre des milliers de
Réunionnais, les éleveurs voient un moyen de nourrir les bêtes, et d’épandre leurs effluents d’élevage
afin de fertiliser les champs, les entreprises voient une source d’énergie.
Si l’agriculture péi meurt, ce ne sont pas que des produits qui disparaîtront. Ce sont des champs
remplacés par des immeubles. Ce sont des paysages défigurés. Ce sont des familles effacées. Ce sont des
libertés perdues.
Vous comptez sur les importations ? Sans agriculture locale pour équilibrer les prix, qui se fera de l’argent
sur votre dos ? Les lobbys, les pays étrangers, l’État.
Aujourd’hui, nous pleurons avec vous. Car oui, le prix est devenu difficile à supporter. Mais posez-vous
les bonnes questions :
Souhaitez-vous encore d’une agriculture réunionnaise ?
Souhaitez-vous encore de nos produits, de notre savoir-faire, de notre terre
nourricière ?
Souhaitez-vous encore que nos enfants puissent grandir ici, sur leur île, en
continuant à la faire vivre ?
L’agriculture péi vous parle. Écoutez-la tant qu’elle existe encore.
Pour que l’agriculture péi ait un avenir.

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