Patrimoine immatériel : l’UNESCO inscrit 47 nouveaux éléments

 

Rabat, le 2 décembre 2022 - Le Comité intergouvernemental de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, réuni à Rabat du 28 novembre au 3 décembre, a inscrit 47 éléments supplémentaires sur les Listes du patrimoine culturel immatériel, à l’initiative de 60 pays.

L’UNESCO, en tant qu’Organisation des Nations Unies en charge de la Culture, assure la sauvegarde et la transmission du patrimoine culturel immatériel, c’est-à-dire des connaissances, des arts et des savoir-faire traditionnels.

Elle a créé en 2003 un instrument dédié : la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, ratifiée par 180 Etats. Cette Convention s’est déjà traduite par l’inscription de plus de 600 éléments à travers le monde.

Les nouvelles inscriptions

Du 28 novembre au 3 décembre s’est tenue la 17e session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde de ce patrimoine, sous la présidence du Royaume du Maroc. A l’issue des débats, les Etats membres du Comité ont procédé à l’inscription de 47 nouveaux éléments dont :

  • 4 éléments sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant des mesures de sauvegarde urgente ;
  • 39 éléments sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  • 4 éléments au Registre des bonnes pratiques de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

Audrey Azoulay, Directrice Générale de l’UNESCO, a félicité « les Etats qui ont porté ces propositions, les membres du Comité pour la qualité des débats, le Maroc pour son accueil et les 180 Etats qui font vivre cette Convention de l'UNESCO », rappelant que « ce patrimoine vivant joue un rôle essentiel pour rapprocher les peuples et faire grandir la paix dans l’esprit des hommes ».

Un tiers de ces nouvelles inscriptions concerne des pratiques liées à la protection de l’environnement : il s’agit souvent de techniques ancestrales d’agriculture, soucieuses d’une utilisation durable des ressources ; il s’agit aussi de rituels et d’événements festifs qui célèbrent la nature. Ces éléments viennent rappeler que les savoirs ancestraux sont également déterminants pour répondre aux nouveaux défis de ce siècle, tels que le dérèglement climatique.

Vous trouverez la présentation de l’ensemble des nouvelles inscriptions à la fin de ce communiqué.

Une aide d’urgence et un retrait de liste

Le Comité a par ailleurs alloué une aide de 305 000 dollars, issus du Fonds du patrimoine culturel immatériel, à un projet de sauvegarde soumis par le Malawi.

Enfin, le Comité a décidé à l’unanimité de retirer la Ducasse d’Ath de l’élément « Géants et dragons processionnels de Belgique et de France », qui a été inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Les membres du Comité ont motivé cette décision par la présence dans le cortège de la Ducasse d’Ath « d’un personnage noir enchaîné appelé ‘le Sauvage’ traduisant un caractère raciste et discriminatoire en contradiction avec les principes fondateurs de l’UNESCO et avec l’exigence d’un respect mutuel prévue dans l’article 2 de la Convention ».

Nouvelles inscriptions sur la Liste de sauvegarde urgente du patrimoine culturel immatériel

Albanie – La xhubleta, savoir-faire, artisanat et formes d’utilisation

La xhubleta est un vêtement artisanal porté par les femmes et les jeunes filles du nord de l’Albanie. Autrefois utilisé dans la vie quotidienne dès l’âge de la puberté, son utilisation et sa fabrication ont diminué au cours des dernières décennies en raison de divers facteurs sociopolitiques et économiques. Aujourd’hui, peu de femmes connaissent l’ensemble du processus et la transmission familiale est rare. Néanmoins, le vêtement a conservé sa signification sociale et spirituelle et est toujours considéré comme une partie intégrante de l’identité des montagnardes.

Afin d’assurer la sauvegarde de cet élément, le Comité a également octroyé une assistance financière d’un montant de 91 000 dollars, issus du Fonds du patrimoine culturel immatériel.

Chili – La poterie de Quinchamalí et Santa Cruz de Cuca

La poterie de Quinchamalí et de Santa Cruz de Cuca au Chili se caractérise par l’utilisation de la couleur noire avec des éléments blancs, fabriquées à l’aide de techniques qui perdurent depuis des siècles. Les femmes sont les principales détentrices des connaissances et des pratiques associées à la poterie, qui est une source d’autonomie sociale et économique. Cependant, la viabilité de cet élément est menacée par des facteurs démographiques et environnementaux, ainsi que par la précarité des conditions sociales. Par exemple, l’accès aux matières premières devient de plus en plus difficile en raison de la perte de biodiversité et de la dégradation des sols.

Türkiye – Le travail traditionnel de la pierre d’Ahlat

Le travail traditionnel de la pierre d’Ahlat comprend les connaissances, les méthodes et les savoir-faire autour de l'extraction, du façonnage et de l’utilisation des pierres volcaniques d’Ahlat. Outre les ouvrages architecturaux tels que les maisons et les mosquées, les pierres sont également utilisées pour les pierres tombales, les fontaines et pour différents artefacts. La viabilité de cette pratique est menacée par plusieurs facteurs, notamment les changements démographiques (difficulté à trouver des apprentis en raison de la forte baisse de la population et de la migration urbaine) et l’utilisation généralisée des techniques et matériaux de construction modernes dans la région.

Viet Nam – L’art de la poterie du peuple Chăm

Les produits de poterie chăm sont principalement des ustensiles ménagers et des objets religieux et d’art fabriqués par les femmes. Les connaissances et les compétences nécessaires sont transmises au sein des familles, et cette pratique est une source de revenus et un moyen de sauvegarder les coutumes du peuple chăm au Viet Nam. Cependant, malgré les efforts de sauvegarde, la viabilité de l’artisanat est menacée en raison de l’impact de l’urbanisation sur l’accès aux matières premières, l’adaptation insuffisante à l’économie de marché et le manque d’intérêt des jeunes.

La Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente recense les éléments du patrimoine vivant dont la pérennité est menacée. Elle permet de mobiliser la coopération et l’assistance internationales nécessaires pour renforcer la transmission de ces pratiques culturelles en accord avec les communautés concernées. Elle compte désormais 76 éléments.

Éléments ajoutés à la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité

Afghanistan ; Azerbaïdjan ; République islamique d’Iran ; Türkiye ; Tadjikistan ; Turkménistan ; Ouzbékistan – La sériciculture et la production traditionnelle de soie pour tissage

Dans le cadre de la sériciculture et la production traditionnelle de soie pour le tissage, les agriculteurs prennent soin des vers à soie tout au long de leur cycle de vie. Très appréciés par toutes les classes sociales et culturelles, les produits en soie sont portés à l’occasion de divers événements, tels que des mariages, des funérailles et des réunions de famille. La pratique est considérée comme une expression de l’identité culturelle de la cohésion sociale, car le commerce de la soie a contribué à l’échange de la culture et de la science au sein des pays concernés et entre eux.

Algérie – Le raï, chant populaire d’Algérie

Le raï est une chanson populaire d'Algérie. Moyen de véhiculer la réalité sociale sans tabou ni censure, la musique aborde des thèmes tels que l’amour, la liberté, le désespoir, la contrainte sociale. Le raï est considéré comme un genre pour les jeunes, représentant un canal d’expression de leurs sentiments dans leur quête de libération des contraintes sociales. Les musiciens fabriquent et décorent leurs propres instruments et la transmission se fait de manière informelle, par l’observation, ou formelle par l’apprentissage.

Allemagne – La pratique de la danse moderne en Allemagne

La danse moderne est une forme d’expression physique qui est différente de celle du ballet classique. Plutôt que de reproduire des positions de danse prédéterminées, les danseurs cherchent à refléter des émotions et des expériences de vie. Elle est accessible aux personnes de tous âges, genres et capacités et est transmise par le biais de programmes et d’ateliers. La danse moderne est considérée comme une source d’autonomisation et de santé, promouvant la cohésion sociale et l’inclusion, notamment pour les groupes défavorisés, tels que les personnes handicapées et les personnes âgées.

Andorre ; France – Les fêtes de l’Ours dans les Pyrénées

Les fêtes de l’Ours ont lieu chaque hiver dans cinq villages de la chaîne de montagnes des Pyrénées, situés en Andorre et en France. Pendant l’événement, de jeunes hommes se déguisent en ours et courent dans les rues pour tenter d’attraper les participants. Si le style varie d’un village à l’autre, le scénario reste le même et symbolise la renaissance du printemps et la relation entre l’homme et la nature. Réunissant des milliers de personnes de la région, cet événement séculaire constitue l’occasion pour les populations locales de célébrer leur patrimoine commun.

Arabie saoudite – Les connaissances et les pratiques liées à la culture du café Khawlani

En Arabie saoudite, les tribus Khawlani cultivent des grains de café depuis plus de 300 ans, et transmettent le savoir-faire et les techniques associés au sein des familles. Le café est considéré comme un symbole de générosité. Les habitants servent leurs invités avec du café récolté dans leur propre ferme en signe d’honneur et de respect. La plantation et la transformation des grains de café Khawlani encouragent la cohésion sociale et procurent un sentiment d'identité partagée, les producteurs se réunissant pour échanger leurs connaissances et s’entraider.

Arabie saoudite ; Oman ; Émirats arabes unis – Alheda’a, traditions orales de l’appel des troupeaux de dromadaires

Alheda’a est une forme d’expression polyphonique orale, accompagnée de gestes ou d'instruments de musique joués par les éleveurs pour communiquer avec leurs dromadaires. Cette expression rythmique s’inspire de la poésie, et chaque éleveur utilise un répertoire unique de sons auxquels les dromadaires se sont accoutumés. Alheda’a est aussi un moyen de rassembler rapidement les dromadaires en cas de danger imminent. Cette pratique, qui se transmet au sein des familles, crée un lien fort entre les dromadaires et leurs éleveurs, ainsi qu’entre les éleveurs eux-mêmes.

Autriche ; Bosnie-Herzégovine ; Croatie ; Hongrie ; Italie ; Roumanie ; Slovaquie ; Slovénie – Les traditions d’élevage des chevaux Lipizzan

Les traditions d’élevage des chevaux Lipizzan étaient utilisées pour élever, soigner et former les chevaux Lipizzan. Initialement destiné à la cour impériale des Habsbourg, le cheval Lipizzan joue aujourd'hui un rôle particulier dans les évènements, célébrations et festivités culturels et sociaux, qui marquent la vie des communautés rurales. La tradition, qui unit les communautés depuis plus de 450 ans, est transmise dans les écoles et les universités, ainsi que par des expériences pratiques, des séminaires, des formations et des événements.

Autriche ; Tchéquie ; Allemagne ; Lettonie ; Pologne ; Espagne – Le radelage

Le radelage trouve son origine au Moyen Âge, lorsque les radeaux étaient utilisés pour transporter du bois, des marchandises et des personnes. Autrefois, les radeleurs passaient des semaines, voire des mois, à vivre et à travailler ensemble sur leur radeau. C’est ainsi qu’est né une communauté partageant les connaissances, les savoir-faire, les techniques et les valeurs de la fabrication et de la navigation des radeaux en bois. La collaboration, la cohésion sociale et la protection des systèmes hydriques et écologiques sont profondément ancrées dans cette pratique. Il implique le partage régulier et animé des expériences, qui enrichit le patrimoine des praticiens et favorise les valeurs communes et les échanges culturels par-delà les frontières.

Azerbaïdjan – La culture du pehlevanliq : jeux, sports et lutte traditionnels de zorkhana

La culture pehlevanliq en Azerbaïdjan comprend des jeux et des sports, comme la lutte, et des performances individuelles, avec l’utilisation d’outils spécifiques qui ressemblent à des armes médiévales. Partie intégrante de la culture populaire, des événements folkloriques et des célébrations en plein air, elle procure un fort sentiment d'identité aux communautés. Pendant de nombreuses années, les pehlevans ont été un symbole de détermination, favorisant la cohésion sociale et procurant un sentiment de fierté et d’identité partagée aux communautés locales.

Azerbaïdjan ; Kazakhstan ; Kirghizistan ; Tadjikistan ; Türkiye ; Turkménistan ; Ouzbékistan – La tradition du récit des anecdotes de Nasreddin Hodja / Molla Nesreddin / Molla Ependi / Apendi / Afendi Kozhanasyr / Nasriddin Afandi

La tradition du récit des anecdotes de Nasreddin fait référence aux pratiques sociales dans plusieurs pays d’Eurasie autour du récit d’anecdotes attribuées au philosophe et sage Nasreddin. Caractérisées par leur sagesse et leurs réparties pleines d’esprit, les anecdotes rompent souvent avec les normes acceptées, le narrateur trouvant des moyens inattendus de se sortir de situations compliquées, et sortant toujours vainqueur par le pouvoir des mots. À la fois instructives et divertissantes, les anecdotes sont transmises par la tradition orale et les sources écrites.

Azerbaïdjan; Türkiye – La culture du çay (thé) : un symbole d'identité, d’hospitalité et d’interaction sociale

La culture du thé est une pratique sociale importante en Azerbaïdjan et en Türkiye qui témoigne de l’hospitalité, crée et maintient des liens sociaux et sert à célébrer les moments importants de la vie des communautés. Bien qu’il existe plusieurs types de thé et de techniques d’infusion, les communautés des deux pays récoltent et consomment principalement du thé noir. La boisson est servie chaude, fraîchement infusée, dans des tasses en forme de poire en verre, porcelaine, faïence ou argent. La culture du thé est un élément essentiel de la vie quotidienne dans toutes les couches de la société.

Bélarus – Le tressage de la paille au Bélarus : art, artisanat et savoir-faire

Le tressage de la paille au Bélarus met l’accent sur la valeur spirituelle et le symbolisme du matériau et des produits. La paille est tressée pour fabriquer une diversité d’objets, tels que des boîtes, des paniers, des chapeaux, des jouets et des accessoires. Le tressage de la paille repose sur des traditions populaires et s’enrichit continuellement des créations des réalisations créatives d’experts individuels qui transmettent leurs connaissances et leurs compétences en ligne et par le biais d’établissements d’enseignement, de studios d’art, de centres d’artisanat, et de festivals.

Cambodge – Le kun lbokator, un art martial traditionnel au Cambodge

Le kun lbokator est un art martial qui remonte au premier siècle. Il vise à développer la discipline, la force physique et mentale de ses praticiens, en s’appuyant sur des techniques d’autodéfense et une philosophie de non-violence. Les maîtres enseignent à leurs apprentis leurs rôles et leurs responsabilités dans la société afin qu’ils puissent défendre les communautés vulnérables, protéger la nature et se battre pour la justice et la paix. Incarnation des valeurs sociales, culturelles et religieuses du Cambodge, le kun lbokator est pratiqué par des personnes de tous âges, sexes et origines.

Chine – Les techniques traditionnelles de transformation du thé et les pratiques sociales associées en Chine

Les techniques traditionnelles de transformation du thé en Chine et les pratiques sociales associées impliquent des connaissances, des savoir-faire et des pratiques en matière de gestion des plantations de thé, de cueillette des feuilles de thé, de transformation réalisée à la main, de consommation et de partage du thé. Le thé est omniprésent dans le quotidien des Chinois. On sert le thé infusé ou bouilli dans le cadre familial, au travail, dans des salons de thé, des restaurants, des temples. Les connaissances, les savoir-faire et les traditions qui y sont liés sont transmis par les familles et de maître à apprenti.

Colombie – Le système ancestral de connaissances des quatre peuples autochtones arhuaco, kankuamo, kogi et wiwa de la Sierra Nevada de Santa Marta

Le système ancestral de connaissances des peuples arhuaco, kankuamo, kogi et wiwa de la Sierra Nevada de Santa Marta définit les missions sacrées concernant l’harmonie des quatre peuples avec l’univers physique et spirituel. Considérée comme jouant un rôle fondamental dans la protection de l’écosystème et de l’identité culturelle de la région, cette sagesse ancestrale est transmise par la pratique culturelle, les activités au sein des communautés, l’utilisation de la langue autochtone et la réalisation des missions sacrées.

Croatie – Les fêtes de la Saint-Tryphon et le kolo (danse en cercle) de la Saint-Tryphon, traditions des Croates de la Boka Kotorska (baie de Kotor) vivant en République de Croatie

La fête de la Saint Tryphon et le kolo (danse en cercle) de la Saint Tryphon s’articulent autour de deux principaux événements annuels : le jour de la Saint-Tryphon et les nuits de la Boka. Le kolo, exécuté par les membres de la marine de la Boka vêtus de l’uniforme traditionnel, est l’élément culturel le plus visible de la fête. Liée au culte de saint Tryphon, cette pratique se transmet de manière informelle au sein des communautés, ainsi que par le biais d’expositions, de conférences publiques, de soirées culturelles et de manifestations diverses.

Cuba – Le savoir-faire des maîtres du rhum léger

L’expertise des maîtres du rhum léger est un ensemble de connaissances et techniques traditionnelles et scientifiques qui garantissent la sauvegarde du processus de production du rhum léger cubain. Ils suivent un code éthique axé sur le respect de la culture et de l’histoire du rhum cubain et de l'environnement. Leur expertise garantit la sauvegarde du processus de fabrication, et être un expert en rhum léger implique un processus d'apprentissage tout au long de la vie qui se transmet de génération en génération.

Égypte – Les festivités associées au voyage de la Sainte Famille en Égypte

Les festivités associées au voyage de la Sainte Famille en Egypte commémorent le voyage de la Sainte Famille de Bethléem jusqu’en Egypte. Deux festivités sont organisées chaque année pour célébrer l’événement. Les Égyptiens, y compris les musulmans et coptes, de tous âges et genres y participent en grand nombre. Incarnation du tissu social et culturel partagé par les chrétiens coptes et musulmans, les connaissances et savoir-faire sont transmis par les églises et les monastères, au sein des familles et par la participation active aux rituels.

Émirats arabes unis – Al talli, savoir-faire traditionnels de la broderie aux Émirats arabes unis

Le talli est un art traditionnel pratiqué aux Émirats arabes unis. La demande de talli est à présent la plus forte avant les fêtes religieuses (l’Aïd) et la saison des mariages en été. Le talli est un artisanat laborieux, traditionnellement transmis de mère en fille. Le rassemblement des femmes dans les maisons et les quartiers résidentiels pour tresser le talli a une dimension sociale, car il offre une occasion d’interaction sociale et d’échange de connaissances sur l’élément, ainsi que de réciter des contes populaires et des proverbes.

Émirats arabes unis ; Bahreïn ; Égypte ; Iraq ; Jordanie ; Koweït ; Mauritanie ; Maroc ; Oman ; Palestine ; Qatar ; Arabie saoudite ; Soudan ; Tunisie ; Yémen – Les connaissances, savoir-faire, traditions et pratiques associés au palmier dattier

Généralement présent dans les déserts et les climats secs et tempérés, le palmier dattier est une plante à feuilles persistantes dont les racines pénètrent profondément dans la terre. Associé à la région arabe depuis des siècles, il a permis la constitution d’un riche patrimoine culturel qui s’est transmis de génération en génération. Les pratiques, les connaissances et savoir-faire associés au palmier dattier comprennent le soin et la culture du palmier dattier et l'utilisation de ses parties (feuilles, frondes et fibres) pour l’artisanat et les rituels traditionnels. C’est aussi une source nutritionnelle essentielle et il fait l’objet d’un large soutien de la part des communautés locales.

Espagne – La sonnerie manuelle des cloches

Au fil des siècles, la sonnerie des cloches a été utilisée comme moyen d’expression et de communication, remplissant un certain nombre de fonctions sociales : transmission d’informations, coordination, détermination d’un territoire spécifique, protection et cohésion. Les messages codés véhiculés par la sonnerie de cloches sont reconnus par les différentes communautés et contribuent à structurer la vie locale. La pratique est transmise des sonneurs de cloches aux jeunes générations, notamment par l’intermédiaire de groupes ou d’organisations dédiés qui, en plus de documenter la pratique et de faire des recherches, contribuent également à diffuser l’art de la sonnerie traditionnelle.

France – Les savoir-faire artisanaux et la culture de la baguette de pain

Appréciée pour sa croûte croustillante et sa texture moelleuse, la baguette – le pain le plus populaire de France – nécessite un savoir-faire et des techniques spécifiques qui sont principalement transmis par la formation en alternance. Contrairement à d’autres pains, les baguettes sont fabriquées avec seulement quatre ingrédients (farine, eau, sel et levain et/ou levure). Elles sont consommées dans de nombreux contextes, notamment lors des repas en famille et dans les restaurants, et génèrent des modes de consommation et des pratiques sociales qui les différencient des autres types de pain, comme l’achat quotidien en boulangerie.

Grèce – Les fêtes du 15 août (Dekapentavgoustos) dans deux communautés montagnardes du nord de la Grèce : Tranos Choros (la grande danse) à Vlásti et le Festival de Syrráko

Tranos Choros (la grande danse) et le Festival de Syrrako sont célébrés dans toute la Grèce pour commémorer la Dormition de la Vierge Marie. Les festivités orthodoxes, qui trouvent leur origine à Vlasti et Syrrako, comportent des danses rituelles et marquent les retrouvailles annuelles des communautés dont les habitants ont migré vers les villes. Dès leur plus jeune âge, les jeunes apprennent la pratique en observant les participants et les préparatifs. Les festivités sont considérées comme une célébration de l’identité des villages, offrant aux jeunes générations l’occasion de s’attacher à leur patrimoine culturel.

Guatemala – La Semaine sainte au Guatemala

La Semaine sainte au Guatemala est l’un des événements les plus importants dans le pays. Elle comprend des processions, des veillées, des marches funèbres, la préparation de spécialités culinaires et la création d’autels, ainsi que de tapis de fleurs et de fruits. Les pratiques et les traditions associées à la Semaine sainte sont transmises aux jeunes générations depuis des siècles par une participation active à l’événement et leurs préparatifs. Reflet de la diversité culturelle du Guatemala et symbole d’espoir et d’union, l’événement promeut la tolérance, l’inclusion et le respect grâce à la participation de personnes appartenant à des groupes sociaux différents.

Hongrie – La tradition de l’ensemble à cordes hongrois

Comptant parmi les ensembles nationaux typiques, la tradition de l’ensemble à cordes hongrois est l’une des représentations les plus courantes de la culture musicale folklorique. L’ensemble de base violon-alto-contrebasse varie d’une région à l’autre et joue un rôle crucial dans les spectacles, les fêtes locales et les soirées dansantes. Le répertoire d’un musicien d’ensemble à cordes peut comprendre des milliers de mélodies, que les musiciens jouent par cœur, et le style de jeu et le répertoire sont façonnés conjointement par les musiciens, les danseurs et leur public. Outre la transmission par la mémoire, les mélodies sont désormais également acquises dans le cadre de l'enseignement formel.

République islamique d’Iran ; Afghanistan– Yaldā/Chella

Yaldā/Chella est une fête traditionnelle qui célèbre le soleil et la chaleur de la vie. Elle se déroule en Iran et en Afghanistan pendant la dernière nuit de l’automne. Les familles se rassemblent autour d’une table sur laquelle se trouvent plusieurs objets et aliments symboliques, comme une lampe pour symboliser la lumière et des fruits rouges pour représenter la chaleur. Les activités pratiquées à cette occasion sont variées : récits de poèmes et d’histoires, jeux, musique. Transmis de manière informelle au sein des familles, l’événement met à l’honneur l’identité culturelle, la nature et la coexistence pacifique.

République islamique d’Iran ; République arabe syrienne – La fabrication et la pratique de l’oud

L’oud est un instrument traditionnel voisin du luth, joué en Iran et en Syrie. Il comprend une caisse de résonance piriforme constituée de côtes en bois de noyer, de rose, de peuplier, d’ébène ou d’abricotier et est décoré de sculptures en bois et de motifs en mosaïque. L’oud est joué en solo ou dans des ensembles et accompagné de chants et de danses traditionnels lors d’un large éventail d’événements. Sa pratique et les métiers qui y sont liés se transmettent principalement par l’apprentissage.

Japon – Les Furyu-odori, danses rituelles imprégnées des espoirs et prières de la population

Au Japon, le terme furyu-odori fait référence à plusieurs danses rituelles traditionnelles locales interprétées depuis des siècles, principalement dans les zones rurales. Chaque élément, des costumes à la musique, a pour but de chasser les mauvais esprits et de renforcer les forces du bien, comme les divinités locales. Les danses sont transmises de manière formelle et informelle, notamment dans les écoles et au sein des familles et des communautés. Elles sont l’occasion pour les membres de la communauté qui ont déménagé en zone urbaine de rentrer dans leur ville d’origine ou de se réunir en zones urbaines pour célébrer leur patrimoine commun.

Jordanie – Al-Mansaf en Jordanie, un banquet festif et ses significations sociales et culturelles

Al-Mansaf est un plat de fête composé de gros morceaux de viande de mouton ou de chèvre bouillis dans une sauce au yaourt et servis dans un grand plat sur du riz et du pain. La préparation elle-même est un événement social : les cuisinières chantent et racontent des histoires. Les invités partagent les plats et le consomment avec la main droite. Transmises de mère en fille, la recette et les pratiques qui y sont liées sont au cœur des événements socioculturels de la Jordanie, et le plat renforce le sentiment d’identité et la cohésion sociale.

Kazakhstan – L’ortéké, un art du spectacle traditionnel au Kazakhstan : danse, marionnettes et musique

L'ortéké est un art du spectacle kazakh utilisant un instrument traditionnel à deux cordes appelé la dombra et une marionnette en bois représentant une chèvre des montagnes. Fixée à la surface d’un tambour, la marionnette est reliée aux doigts d’un musicien par une ou plusieurs cordes. Lorsque le musicien joue de la dombra, la marionnette s’anime, sautillant au rythme de la musique sur le tambour. Apprécié par les enfants et les adultes, l’ortéké est un élément important du patrimoine et de l’identité populaires de la région.

Oman – Al-Khanjar, compétences artisanales et pratiques sociales

Al-Khanjar fait partie du costume traditionnel porté par les Omanais pendant les événements nationaux et religieux, ainsi que pour des occasions spéciales comme les mariages. Il s’attache autour de la taille et comprend une ceinture, un manche, une lame, un fourreau et une chape. Élément essentiel de la culture omanaise, sa fabrication requiert des connaissances et des compétences importantes qui sont transmises d’une génération à la suivante. Le khanjar se retrouve sur l’emblème de l’État et joue un rôle clé dans de nombreuses coutumes et traditions omanaises.

République de Corée – Le talchum, danse théâtrale masquée en République de Corée

Le talchum est un art du spectacle mêlant danse, musique et théâtre. Un ensemble de six à dix musiciens accompagne des artistes masqués qui explorent avec humour des questions sociales en combinant de façon dramatique des chansons, des danses, des gestes et des dialogues. Les spectateurs sont des participants à part entière, contribuant à la représentation en ponctuant son déroulement d’acclamations ou de huées. En plus de servir d’outil de critique sociale, le talchum peut également promouvoir et renforcer les identités culturelles locales grâce aux dialectes locaux et chansons populaires.

République populaire démocratique de Corée – La coutume du raengmyon de Pyongyang

Le raengmyon de Pyongyang (nouilles froides) est un plat traditionnel en République populaire démocratique de Corée, servi dans un bol en laiton et garni de viande, de kimchi, de légumes, de fruits et autres garnitures. Le bouillon froid est ensuite versé sur les nouilles pour terminer la préparation. Profondément ancré dans la vie des Pyongyangais, ce plat est associé avec la longévité et l’hospitalité, et favorise le respect et l’unité. Il se transmet des mères et des grands-mères aux filles et petites-filles, ainsi que par le biais de programmes d’apprentissage et de formations dans les restaurants, entre autres.

Roumanie ; République de Moldova – L’art de la blouse traditionnelle avec broderie sur l’épaule (altiţă), élément de l’identité culturelle en Roumanie et en République de Moldova

L’art de la blouse traditionnelle avec broderie sur l'épaule (appelée altiță) est un élément essentiel de la tenue folklorique roumaine et moldave tant pour les hommes que pour les femmes. La blouse blanche est fabriquée à la main par des femmes à partir de fibres naturelles. Elle allie une coupe simple et des ornements riches et colorés qui sont brodés à l’aide de techniques complexes. L’intérêt pour la création de ces blouses ne cesse de croître, et beaucoup apprécient cette pratique comme un moyen de se détendre, d’affirmer son identité et de maintenir un lien visible avec le passé.

Serbie – Les pratiques sociales et les connaissances liées à la préparation et à l’utilisation de l’eau-de-vie traditionnelle de prunes (šljivovica)

Les pratiques autour de la šljivovica, une eau-de-vie de prune traditionnelle, comprennent les connaissances et les savoir-faire complexes pour préparer la boisson dans un cadre domestique ainsi que son utilisation au quotidien à l’occasion de rituels. De la récolte à l’élevage et à la distillation, la préparation comporte de multiples étapes impliquant des familles et des communautés entières. Lors des fêtes, la šljivovica est utilisée pour porter des toasts à la santé et au bien-être. Elle est également utilisée dans les rituels et la médecine traditionnelle. Les pratiques qui y sont liées sont généralement transmises au sein des familles et des communautés locales.

Slovénie – La culture apicole en Slovénie, un mode de vie

En Slovénie, la culture apicole est un mode de vie pour les nombreuses personnes, familles et communautés, qui utilisent des produits apicoles utilisés pour se nourrir et pour la médecine traditionnelle et utilisent leurs connaissances et leurs compétences pour prendre soin des abeilles et de l’environnement. Les communautés adoptent une attitude aimante et respectueuse vis-à-vis des abeilles, et les connaissances, pratiques et savoir-faire, façonnés par plusieurs siècles de tradition, sont transmis de génération en génération. Les apiculteurs, qui considèrent les abeilles comme leurs professeures et leurs amies, comme un symbole de ce qui est bon, intelligent et frugal, mènent constamment des recherches pour élargir leurs connaissances et parfaire leurs savoir-faire.

Tunisie – La harissa, savoirs, savoir-faire et pratiques culinaires et sociales

La harissa, un condiment à base de purée de piments rouges, fait partie intégrante des provisions domestiques et des traditions culinaires et alimentaires quotidiennes de la société tunisienne. Elle est le plus souvent préparée par les femmes dans un cadre familial ou vicinal convivial et festif. La culture du piment obéit à un calendrier agraire prohibant l’ensemencement pendant certaines périodes car cela porterait malheur. Les connaissances et savoir-faire nécessaires à la culture du piment sont transmis au sein des communautés d’agriculteurs ou dans des instituts d’agronomie.

Turkménistan ; République islamique d’Iran – L’art des travaux d’aiguille de style turkmène

L’art des travaux d’aiguille de style turkmène est un art décoratif appliqué alliant des compétences créatives sur différents types de tissus destinés aux hommes comme aux femmes au Turkménistan et en Iran. Des fils de soie fins sont utilisés pour créer des motifs qui dévoilent aussi l’identité territoriale des couturières et qui symbolisent l’amour, l’amitié, la nature et la force. Les travaux d’aiguille servent à orner les vêtements de mariage et autres vêtements de cérémonie, ainsi que les vêtements ordinaires, comme les écharpes, les manteaux et les accessoires. Les jeunes filles apprennent traditionnellement la technique auprès de leurs mères et de leurs grands-mères.

Zambie – La danse kalela

La danse kalela est un élément important de nombreux événements en Zambie, tels que les cérémonies, les événements publics et étatiques, les célébrations internationales et nationales, les mariages et les funérailles. Les danseurs forment deux ou trois lignes, dansant en avant et en arrière tout en chantant au son des tambours. La pratique est transmise par l’observation, lors de la participation à des spectacles publics et par des cours formels avec des maîtres batteurs.

La Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité vise à assurer une plus grande visibilité aux traditions et aux savoir-faire portés par les communautés. Cette liste comprend désormais 569 éléments.

Inscriptions au Registre des bonnes pratiques de sauvegarde

Italie ; Belgique ; Croatie ; Chypre ; France – Tocatì, un programme partagé pour la sauvegarde des jeux et sports traditionnels

Lancé par l’Associazione Giochi Antichi, Tocatì (« à ton tour ») est à la fois un festival et une plateforme rassemblant des communautés, des groupes et des individus qui pratiquent des jeux traditionnels en Italie, en Belgique, en Croatie, à Chypre et en France. Les mesures de sauvegarde de Tocatì associent explicitement les jeux et les sports traditionnels aux valeurs du patrimoine culturel immatériel, en mobilisant des milliers de joueurs, de bénévoles, d'amateurs et d’acteurs des médias et en sensibilisant à l’existence du patrimoine culturel immatériel ainsi qu’aux risques qui y sont liés.

Koweït – Le programme éducatif Al Sadu : former les formateurs à l’art du tissage

L’organisation Al Sadu Society a mis au point le programme éducatif : former les formateurs à l’art du tissage, en collaboration avec le Département des arts du Ministère de l’éducation, afin de sensibiliser la nouvelle génération koweïtienne au tissage traditionnel Al Sadu. Un programme national a été mis au point, ainsi que des ateliers de formation permettant aux enseignants d’apprendre non seulement les techniques contemporaines de tissage mais aussi les méthodes pour transmettre cet artisanat traditionnel à leurs élèves. Le programme a suscité beaucoup d'enthousiasme parmi les élèves et les enseignants, et depuis sa création en 2018, 30 959 élèves ont suivi le cours.

Portugal ; Espagne – Le PCI frontalier luso-galicien : un modèle de sauvegarde créé par Ponte...nas ondas!

Le projet Ponte…nas ondas! vise à sauvegarder le patrimoine culturel immatériel de part et d’autre de la frontière luso-galicienne en créant des espaces permettant la pratique de ce patrimoine et sa transmission aux jeunes générations. Le projet a permis aux jeunes de s’impliquer dans la pratique et la transmission de leurs propres traditions grâce à la diffusion du patrimoine culturel dans les écoles, à la formation des enseignants, à la présence de détenteurs et de praticiens dans les classes pour partager leurs connaissances et leur expérience, et à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, ainsi que des ressources radio.

Tchéquie – Stratégie pour la sauvegarde de l’artisanat traditionnel : Le Programme des détenteurs de la tradition des arts populaires

En 1997, l’Institut national de la culture populaire (NFIC, National Institute of Folk Culture) a commencé à mettre en œuvre le projet « Production d’objets artisanaux et d’art populaire en République tchèque » (Folk Trades and Handicrafts in the Czech Republic). Le travail de terrain a révélé que la plupart des ateliers avaient des difficultés financières et peinaient à vendre et à créer leurs produits. En réponse, le Ministère de la culture et le NFIC ont mis en place le Programme des détenteurs de la tradition des arts populaires, qui vise à soutenir, protéger et sauvegarder l’artisanat traditionnel par le biais de prix publics, de subventions, de dons et d’un label exclusif, entre autres.

Le Registre des bonnes pratiques de sauvegarde favorise le partage d’expériences de sauvegarde réussies et d’exemples de bonnes pratiques de transmission du patrimoine vivant aux générations futures. Le Registre compte désormais 33 bonnes pratiques.

La prochaine réunion du Comité aura lieu en décembre 2023 sous la présidence du Botswana.

***

Laissez un commentaire

Assurez-vous d'indiquer les informations obligatoires (*).
Le code HTML n'est pas autorisé.

Aller au haut