Le fonds montalbanais des dessins d’Ingres est avec ses 4507 œuvres l’ensemble le plus important au monde consacré à l’artiste. Ces dessins, noyau essentiel des collections, font l’objet d’un intérêt toujours croissant et méritaient une réflexion approfondie pour améliorer leur présentation. C’est pourquoi le réaménagement du cabinet d’arts graphiques figure au cœur du projet de rénovation du bâtiment, proposant des solutions innovantes pour montrer davantage de pièces tout en les préservant d’une trop longue exposition à la lumière et en les exposant en regard d’objets provenant des collections personnelles de l’artiste .
Les dessins rassemblés dans cette exposition inaugurale comptent parmi les plus belles feuilles du musée. Cet ensemble fait la démonstration de l’infatigable travail de recherche d’Ingres et laisse entrevoir l’immense place qu’il donnait au trait dessiné dans sa conception esthétique. « Le dessin est la probité de l’art », ne cessait-il de dire à ses élèves. Différentes techniques sont rassemblées (crayon graphite, pierre noire, rehauts de blanc, aquarelle …) et témoignent de l’ingéniosité de ce maître à la main virtuose.
Associés à la riche collection d’antiques constituée par Ingres tout au long de sa vie, les dessins présentés dévoilent aussi les différentes fonctions que le peintre leur attribuait, les utilisant souvent comme outils mémoriels dans lesquels il fixait les formes des objets et œuvres visualisés, source intarissable d’inspiration. D’autres servent le travail de recherche préparatoire nécessaire à l’élaboration de ses peintures et d’autres enfin existent en tant que pures merveilles graphiques, comme ces portraits dessinés qui ont fait sa célébrité.
A l'occasion de la réouverture du Musée Ingres, Miguel Chevalier propose l’installation Œil de la machine 2019 dans la salle du Prince Noir. Ce projet entre également dans le cadre plus vaste du projet transversal de la Ville de Montauban sur le thème « Quelle(s) culture(s) au XXIe siècle ? Entre Mémoire et Innovation. Transmettre ! » organisé durant l’année 2020 par la Direction du Développement Culturel.
Cette nouvelle œuvre de réalité virtuelle générative et interactive conçue spécifiquement pour le musée Ingres Bourdelle, revisite certains des chefs d'œuvres d'Ingres. Différents tableaux emblématiques du peintre se métamorphosent en temps réel grâce à un programme informatique. Des capteurs installés sur la voûte médiévale, saisissent les déplacements de chaque visiteur ; ceux-ci, enregistrés par le dispositif numérique, entraînent des déformations sur l’image alors projetée qui subit un processus de tessellisation, les décomposant en des milliers de polygones.
Poursuivant ainsi les déformations anatomiques voulues par Ingres qui préfère sacrifier la vraisemblance à la beauté, cette installation interactive génère de nouvelles formes. Les lignes et contours des corps, si importants pour le peintre, sont accentués, étirés à l'extrême par le déplacement des visiteurs.
Avec Œil de la machine 2019 qui génère des images essentiellement algorithmiques régies par des logiques technologiques, Miguel Chevalier interroge la matérialisation de l’image à l’ère de sa reproductibilité électronique.
Cette exposition témoigne également de l’inspiration inépuisable que les œuvres d’Ingres offrent aux artistes d’aujourd’hui.
UN SITE TRÈS CONVOITÉ, DU CHÂTEAU COMTAL AU MUSÉE DU XXIE SIÈCLE : LE MUSÉE INGRES BOURDELLE
Du 14 décembre 2019 au 07 juin 2020
Présentée au CIAP (Centre d’Interprétation d’Architecture et du Patrimoine) durant la fermeture pour travaux du musée Ingres Bourdelle et réadaptée aujourd’hui aux nouveaux espaces du bâtiment rénové, cette exposition vous invite à un voyage dans le temps. Les éléments présentés dévoilent l’histoire du bâtiment depuis la fondation de la ville en 1144 jusqu’à nos jours.
Après la création d’un château comtal au XIIe siècle, un palais épiscopal fut construit sur le site. La révolution projette le bâtiment dans d’autres sphères et il devient tour à tour : hôtel de ville, école de dessin puis musée Ingres.
Retracer l’histoire du lieu, c’est aussi croiser quelques-uns des personnages emblématiques de l’histoire de la ville, tels Alphonse Jourdain, le comte¬ fondateur, Edouard Plantagenêt, le Prince Noir, l’évêque Pierre de Berthier, le baron Pierre Joseph Vialètes de Mortarieu, Armand Cambon l’ami d’Ingres ou encore Achille Bouïs, le photographe, ancien conservateur du musée de Montauban et professeur de Bourdelle.
Revivez près de neuf siècles d’histoire mouvementée et d’architecture de briques.